Socotra : A la recherche du Phoenix

[jllode]

Sur le plateau de Dixam, un arbre apparaît de temps en temps, tortueux et finalement assez quelconque après toutes les beautés rencontrées : on pourrait penser qu’il s’agit d’un Boswellia ou Commiphora, il s’agit pourtant d’une plante extrêmement intéressante, succulente de surcroît, Euphorbia socotrana.

Les fleurs et les fruits ne laissent plus de doute, mais là encore, on ne constate aucune régénération de l’espèce.

Joël Lodé
àsuivre...

PS. j'ai pris un peu de retard à répondre et vous voudrez bien m'en excuser : je subis en ce moment et depuis quelques jours une attaque informatique avec plus de 400.000 mails qui ont été envoyés selon mon webmaster, et aujourd'hui encore, j'en reçois un millier environ pas jour : ça occupe !..

[fredtonton]

Fantastiques photos ! Quel dépaysement. Merci pour le partage Joël
Fred

[Guillaume]

Bonjour Joël, n'existe-t'il pas un programme de reproduction et d'implantation de dragonniers?

[jllode]

Bonjour Fred, tu connais désormais ma cachette !

Bonjour Guillaume, il a existé un programme de reproduction, c'était très modeste, les plantes étaient bien sûr clôturées et plantées sur le plateau dans une pépinière, tout cela financé par une association (je ne la connais pas), mais qui en est restée là. Donc, c'est très modeste.
Ma "théorie" est que ces plantes qui ont une durée de vie probable d'environ 700 ans nécessitent des conditions très particulières pour pouvoir germer, et que les conditions du climat actuel ne sont pas les bonnes (c'est aussi le cas des Canaries, sans qu'il y ait le problème des chèvres). Évidemment, à Socotra, les quelques semis de Dracaena cinnabari qui pourraient germer donnent des plantules qui servent de fourrage aux chèvres, et il est difficile pour une nouvelle génération de pouvoir s'établir.

Mais l'on voit que la plupart des Dracaena visibles sur l'île semblent avoir un âge à peu près identique, ce qui tendrait à nous faire croire qu'ils ont germé dans une période favorable et en grande quantité ; le climat s'est dégradé vers une aridité plus prononcée, et si un changement de climat propice à l'établissement d'une nouvelle génération se produit, si les chèvres ne sont pas déterminantes dans leur raréfaction, il est tout à fait possible qu'une nouvelle génération s'établisse et devienne fructifère avant que les parents de 700 ans ne s'éteignent. Si les parents sont condamnés d'ici un siècle, et que ce changement climatique bénéfique n'a pas eu lieu, l'espèce s'éteindra dans cette période, les plus vieux mourront, et les quelques jeunes qui ont pu s'en sortir périront.

C'est mon idée personnelle sur ce qui attend les dragonniers de Socotra ; comme à Tenerife, seules survivront les espèces cultivées ; Dracaena tamaranae, depuis sa découverte en Grande Canarie* puis sa description récente comme nouvelle espèce en 1998, est en situation tellement critique, que sur une population d'environ 90 individus, déjà une douzaine sont morts de vieillesse. On estime qu'en 2200 ou même avant, il n'y aura plus aucun dracaena sauvage aux Canaries.

Heureusement, les graines de toutes ces espèces germent facilement et l'on peut espérer que l'espèces continuera à exister au moins dans les jardins.

Je ne vous explique pas l'aventure pour approcher le Dracaena tamaranae et les risques pris pour être au plus près !

*(c'est mon ami Günther Kunkel qui les avait aperçus en 1972, et les avait naturellement pris pour des Dracaena draco sauvages, sans se douter un instant qu'il pouvait s'agir d'une nouvelle espèce !).

Joël Lodé
(quelques fautes de frappe corrigées)

[Gisali]

Epoustouflant, on ne se lasse pas de regarder tous ces magnifiques paysages, plantes, fruits, arbres, oiseaux, fleurs, quel beau voyage; un très grand merci Joël.

[jllode]

Bonsoir,
eh bien oui, Gisali, merci ! C'est une île vraiment à part.
Nous continuons donc notre observation de la vie sur le plateau de Dixam...

On retrouve l’Aloe perryi, dont c’est l’exubérante floraison. La sève est encore utilisée de nos jours, comme l’Aloe vera, ce dernier étant vraisemblablement originaire de la Péninsule arabique. De toutes les espèces connues d’Aloe, actuellement, seules 5 ont prouvé leurs vertus médicinales : Aloe vera, Aloe ferox, Aloe arborescens, Aloe saponaria et Aloe perryi. Il est évident que dans les prochaines années, cette liste devrait augmenter en fonction des études réalisées.

JL

[jllode]

... On trouve également Euphorbia spiralis, dont on finit par se demander pourquoi elle a été nommée ainsi puisque la plupart des plantes observées ne sont pas spiralées...

Une non succulente, mais superbe, Euryops arabicus, est une Asteraceae que l'on verrait bien, comme la Violette de Socotra, dans nos jardins ! De plus, dans un article de 2019, il est dit que ses parties aériennes possèdent des applications ethnomédicinales anti-inflammatoires. Elle est répandue sur la Péninsule Arabique.
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[jllode]

Parmi les trois espèces de Kalanchoes connues à Socotra, nous retrouvons Kalanchoe farinacea, également connu de manière erronée sous le nom de Kalanchoe scapigera, bien que ce dernier soit originaire d’Angola et à fleurs jaunes. Kalanchoe farinacea possède des fleurs rouges et est endémique à Socotra.

Quant à Kalanchoe rotundifolia, également surnommé à tort Kalanchoe socotrana, il se trouve communément sur le continent africain. Il est tellement prolifique qu’il peut facilement se transformer en invasive dans certaines collections à climat favorable. ses fleurs sont minuscules.
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JL

[jllode]

Sur ce même site, Kalanchoe robusta est plus commun que sur Hamaderoh. Selon John Lavranos, il peut atteindre jusqu’à 1 m de hauteur.

Du haut de son piton calcaire, un vautour percnopère me regarde perplexe, prenant des photos de cette magnifique espèce. Mais j'ai surtout la chance de pouvoir l'observer en fleurs pour la première fois, ce qui semble exceptionnel : en effet, les seules photos de plantes en fleurs dans l'habitat et que l'on trouve actuellement sur internet sont les miennes !

Aujourd'hui, nous la reproduisons en serre, et nous obtenons des graines chaque année ainsi que des boutures bien robustes, comme l'indique son épithète...

Joël Lodé

[jllode]

Une petite Asclepiadaceae rare, dans le genre Echidnopsis : Echidnopsis bentii, à fleurs presque noires.
Curieusement, plusieurs espèces sont endémiques à Socotra, et nous en découvrirons d'autres...

Encore plus difficile à trouver, une ceropegia très peu connue : Ceropegia affinis. Il est évident que sans la fleur, je l'aurais... zappée ! Mais il faut être aussi curieux, et regarder dans les moindres cavités des roches calcaires : c'est ainsi que je redécouvrirai une minuscule plante étonnante dont je vous parlerai dans l'un de mes prochains posts, car elle en vaut la peine...

JL