Aventures au Yémen, par Joël Lodé

[jllode]

Bonsoir Chris,
le livre de Plowes aurait été très complémentaire de celui de Bruyns, car ils ne s'entendaient pas sur la taxonomie de la famille ; d'ailleurs, Pilbeam s'est bien amusé avec ça en rédigeant son livre avec toutes les tendances mêlées !
Les Asclépiadacées du Yémen se trouvent en général en collection, car elles sont assez faciles à multiplier Nous allons en voir d'autres au cours de ces voyages...
JL

[jllode]

...Nous arrivons sur le site où j’ai été envoyé en mission, Jabal Bura, l’unique vestige de forêt existant encore en Arabie, pour rechercher Phoenix caespitosa. En effet, c’est un palmier extrêmement rare, connu seulement en Somalie, et au Yémen, sur seulement deux sites, l’autre impossible à visiter à cause de la présence terroriste dans cette région.

L’Université de Murcia réalise depuis plusieurs années un travail sur le genre Phoenix, car il manque énormément d’informations sur cette espèce. J’ai donc eu la chance de pouvoir apporter de nouvelles données végétatives et de rapporter du matériel pour cette étude. Grâce à son étude ADN, nous avons ainsi pu découvrir qu’il s’agissait en fait de Phoenix arabica et non Phoenix caespitosa comme indiqué dans la littérature scientifique.

Joël Lodé

[jllode]

Lors de cette recherche, je tombe sur une famille de babouins chacmas, Papio hamadryas arabicus, peu agressifs dans leur habitat, et qui me laissent le champ libre peu après mon apparition.

/ Une autre surprise est la présence d’Adenium arabicum en pleine floraison, dans une région plutôt favorisée par les précipitations, avec une végétation verdoyante, celle de la dernière forêt d’Arabie, lieu menacé de disparition. Sous le couvert de la végétation, on soupçonne d’ailleurs juste derrière, d’autres plantes très intéressantes comme des Carallumas...

JL

[jllode]

Il existe au Yémen de nombreuses plantes succulentes intéressantes ; on peut y voir de nombreuses Vitacées grimpantes en pleine forme, Cissus aff. quadrangularis, aussi bien dans les arbres que sur le sol, parmi les rochers, et même parfois en compagnie d’un congénère avec lequel il partage l’habitat, Cissus rotundifolia, que j’ai également observé dans le nord du Kenya. Croissant de manière sympatrique, une autre plante vit aussi dans cette région de forêts : Sansevieria forskaoliana, nettement moins spectaculaire que S. ehrenbergii, mais non moins intéressante.

J'ai oublié de signaler que l'une des Carallumas qui se cachaient sous la végétation, mais qui peut se trouver surtout en plein soleil est Caralluma quadrangula, elle n’est malheureusement pas en fleurs à cet endroit.

[jllode]

Cela ne me fait pas oublier mon travail de recherche sur les Palmiers, et je prends de nombreuses photos d’espèces assez rarement vues dans l'habitat, comme Phoenix reclinata, ou encore Hyphaene nodularia.

Nous passerons la nuit dans le village nid d’aigle de Bartan.

[jllode]

Là, la végétation se fait plus rare, la sécheresse plus présente, les conditions plus rudes, et on peut se rendre compte combien Opuntia dillenii est devenue une plante invasive, tombant en cascade derrière les maisons vers le précipice.

La nuit sur l'un des toits en terrasse de Bartan sera des plus impressionnantes... Avec en plus, au loin, des tirs d'armes automatiques...

JL

[Chris89350]

Bonsoir Joël

Oui je pense aussi que ça aurait été un superbe ouvrage, dommage et c’est la taxinomie de Plowes que je trouve la plus juste même si je ne suis ni scientifique ni aussi compétent que vous ! Car la morphologie des feuilles et des tiges est prise en compte ainsi que les fleurs, ce que l’on ne retrouve pas avec les autres !
Oui l’ouvrage de Pilbeam , même s’il a joué avec ça, est aussi de ce fait intéressant à mon sens

[Tom]

Salut Chris89350,

La taxonomie des Asclepiadaceae reste un vaste bordel, souvent confié à des amateurs.
Par exemple, je doute que, en proposant le nouveau nom Angolluma wissmannii, Plowes soit plus juste ; le genre Angolluma apparut dans une revue australienne, sans description latine, ni type, d'après ce que je peux lire.
Selon saint Bruyns, en faire un Orbea n'est guère mieux (un genre caractérisé par l'orbe, l'annulus renflé, comme l'on peut voir chez l'Orbea variegata d'Afrique du Sud).


L'on ne sait plus à quel sein se vouer , et le basionyme Caralluma wissmannii reste encore le mieux.

[jllode]

La taxonomie des Asclepiadaceae reste un vaste bordel, souvent confié à des amateurs.

sic !

Peter V. Bruyns n'est pas un amateur : il est professeur à l'Université de Cape Town en Afrique du Sud, et ses articles sur les Asclépiadaceae se comptent par dizaines :
https://scholar.google.co.za/citations? ... AAAJ&hl=en

Il a de plus été sur les sites, et connaît donc bien aussi les habitats.

Pareil pour Darrel Plowes :
https://es.wikipedia.org/wiki/Darrel_C._H._Plowes

Pareil aussi pour le regretté John Lavranos, Ulrich Meve (University of Bayreut), etc.

La taxonomie des Asclépiadaceae n'est donc pas "confiée" souvent à des amateurs...

Les "amateurs" comme John Pilbeam offrent, quant à eux, un travail remarquable de compilation des données qui permettent aux autres amateurs de se faire une idée globale de la famille avec une illustration très complète et sans prétentions.

Quant au genre Angolluma, il a été érigé en 1990 par Munster, et a été ratifié et typifié par Len Newton en 1993 (que je connais personnellement depuis 1986, et qui n'est pas un amateur...). Darrel Plowes a juste choisi cette voie, alors que Bruyns est parti vers Orbea : chacun sa vision des choses, puisque rien n'est encore définitivement fixé.
Pour ma part, je pense qu'une étude moléculaire serait la bienvenue pour éviter des groupements basés sur la seule morphologie.

Merci une fois de plus de tenter de ne pas insinuer des faits qui ne sont pas avérés. La critique est aisée, l'art est difficile.

Le voyage continuera dans quelques jours...

Joël Lodé

[Tom]

Bonjour Joël,

Je m'adressais à Chris.
Le statut de professeur ne garantie rien ; nous avons vu, dans un autre domaine, des professeurs nous inciter à mettre des masques, puis pas, puis finalement oui...
Peu importe, l'on nous trimballera toujours.
Pour en revenir au sujet, les synonymes existent, et c'est à chacun de choisir.