Historique
1907-2007, un siècle d'horticulture
Voici, racontée en quelques pages et grâce à des photos d'époque issues des albums de famille, l'histoire des Etablissements Kuentz de 1907 à nos jours…
3 - Le Domaine de la Magdeleine
1937 fut l'occasion d'un nouveau voyage dans le Midi pour rechercher une exploitation. Le « Domaine de la Magdeleine » était en vente à Fréjus. Créé vers 1870, ce domaine de 5 hectares comportait une maison de maître de 2 étages avec vue lointaine sur la mer, entourée d'un parc exotique de 2 hectares, planté de palmiers, bambous, eucalyptus, et protégé du mistral par de grands cèdres, chênes et cyprès de Lambert. Une zone cultivable de 2 hectares était disponible devant la maison. Des sources abondantes et réputées permettaient l'arrosage.
La villa en 1937 - Le lierre envahit la terrasse et les palmiers !
Vue panoramique depuis le toit de la villa, quelques maisons et la base aéronavale au loin, avec son château d'eau.
Passé par plusieurs propriétaires en un demi-siècle, lourd à entretenir, le domaine était en vente pour un prix très avantageux. La veuve du dernier propriétaire devait réaliser la vente rapidement et il avait été décidé de le vendre par petits lots de quelques centaines de m2…
Le plan du domaine de la Magdeleine
Le prospectus immobilier vantait « les arbres, les fleurs, les oiseaux dans une oasis verdoyante, véritable chef-d'oeuvre de 'Art Paysagiste Français… Vue superbe… La campagne en pleine ville. » Ou bien : «Dominant la plaine dans un cadre merveilleux, ses constructions, son parc, ses allées, ses sources, en font un Eden Princier où les plaisirs sont plus doux et les peines plus légères qu'ailleurs. »
Le prospectus immobilier d'époque
Mon grand-père tomba sous le charme et s'engagea à acheter tout le domaine. Un véritable coup de poker ! Pour cela, il fallut vendre tous les biens de Belfort et travailler dur pendant des années, pour payer l'acquisition du domaine et la construction de serres à l'emplacement de l'ancien jardin à la française… Peu importe, c'était l'occasion de réaliser son rêve d'avoir une grande exploitation avec des cactus, mais aussi des arbres fruitiers, un potager, de la vigne, des fleurs à couper, des plantes tropicales… le tout dans un cadre exceptionnel, et avec une grande maison pour héberger toute la famille !
Il fallut de nombreux voyages en camion à mon père pour transporter tous les cactus à Fréjus.
Une première petite serre chaude de 50 m2 fut construite pour la multiplication par semis. 2 bâches de 20 m2 couvertes de châssis métalliques et quelques coffres en bois couverts de châssis nantais permirent de replanter tous les cactus expatriés de Belfort.
L'exploitation en 1938
Une bache ouverte. Au premier plan, des petits Cephalocereus senilis
Les Opuntia, les agaves et les Cereus les plus robustes furent plantés immédiatement en pleine terre devant la maison.
Robert et Madeleine Kuentz au travail devant la Villa
Un repos dominical bien gagné par mon père
Une démonstration de bouturage d'Opuntia rufida à main nues... il fallait oser !
Parallèlement, un magasin de détail fut également ouvert à Saint-Raphaël pour écouler la production de fleurs et légumes produites en pleine terre. Il était tenu par ma tante, Madeleine.
Mon grand-père publia un deuxième catalogue en 1938, c'était en fait une simple liste sur 4 pages. La gamme était constituée de 200 espèces de 2 à 25 F.
Liste de Cactées et plantes grasses n°2, version complète téléchargeable sur cactuspro.com
Il était nécessaire de construire de nouveaux abris, car à Fréjus, le ciel est très lumineux, mais il peut y avoir de petites gelées pendant l'hiver. Une deuxième serre et des coffres supplémentaires permirent de passer en 1939 à une surface sous abri de 400 m2, plus les plantations en pleine terre.
Intérieur d'une bache à cactus; au fond mon grand-père et la deuxième serre
Pause cigarette pour mon grand-père - Semis de cactus repiqués